Programme “Stanford e-Japan”
- 11 juillet 2022
- Publié par : Mathieu Lecacheur
- Catégorie : Le Secondaire
Un de nos élèves a participé au programme de l’université de Stanford “Stanford e-Japan”. Voici son compte rendu.
Bonjour, je m’appelle Alan Prévost, prochainement élève de la classe de terminale. Voici le compte-rendu de mon stage Stanford e-Japan. Je vais d’abord effectuer un bref descriptif du programme, puis développer une des thématiques qui y a été abordée.
Tout d’abord, qu’est ce que Stanford e-Japan?
Il s’agit d’un programme en ligne gratuit, organisé deux fois par an (une fois au printemps, une fois en automne) et qui s’articule autour de diverses thématiques ayant trait à la société américaine, souvent en contraste avec certains aspects de la culture japonaise. Ce programme de quatre mois s’adresse aux lycéens du Japon, et, au-delà de l’acquisition de notions académiques, les encourage à s’exprimer sur ce qu’ils ont appris, et partager leurs opinions.
Ce programme met aussi l’accent sur les relations humaines, tant au niveau des conversations hebdomadaires avec les intervenants qu’avec les camarades de classe, avec lesquels les échanges sont nombreux et très enthousiastes.
Je vais maintenant aborder un exemple concret, afin d’illustrer plus précisément ce en quoi consiste le programme.
L’une des thématiques qui m’a le plus captivé est celle des études à l’étranger, pratique très courante aux États-Unis et en Europe, mais très peu répandue au Japon.
Cette tendance s’accélère aux États-Unis, qui accueille un nombre croissant d’étudiants de l’étranger, attirés par la prestige des universités américaines. L’Union Européenne propose, elle, le programme Erasmus, un programme qui permet aux étudiants européens d’aller étudier dans les différents pays d’Europe. Quant au Japon, il n’attire que peu d’étudiants étrangers, et le nombre d’étudiants japonais qui choisissent d’aller étudier à l’étranger ne cesse de décroître.
Ce contraste est la conséquence de deux facteurs qui sont en fait les deux faces d’une même pièce. Le premier est le modèle de pensée et la philosophie de l’éducation japonaise. De nature très conservatrice, il met en avant la tradition. Par conséquent, les jeunes ne sont pas encouragés à explorer le monde, et l’éducation crée le plus souvent des individus qui se conforment aux règles ancestrales sans jamais vraiment les remettre en cause. Les us et coutumes de la société japonaise font que les études à l’étranger sont souvent un désavantage. Dans une nation qui attend de ses citoyens uniformité et conformisme, les individus atypiques ou progressifs sont rarement les bienvenus.
Le deuxième facteur est que ce modèle de pensée japonaise diffère de celui des Occidentaux, des Américains plus particulièrement. Les Américains promeuvent leurs valeurs de façon très agressive, et souvent avec succès. Une grande partie de ce succès est rendue possible par l’attractivité de leurs institutions pour les étrangers. Nombre d’étudiants prometteurs de par le monde optent pour une université américaine, dans laquelle ils sont formatés au mode de pensée américain, beaucoup plus global.
On peut dire à peu près la même chose au sujet de l’Europe, bien que son influence dans le monde soit plus limitée que celle du géant États-Unien. Il n’en reste pas moins qu’un point commun existe entre ces différents modes de pensée : la valeur accordée aux études à l’étranger.
Le Japon, avec sa démographie déclinante et son système éducatif rétrograde et insulaire, se trouve souvent en porte-à-faux avec les sociétés occidentales. L’attractivité académique, comme aux États-Unis, contribue de façon importante au rayonnement international d’un pays; de ce point de vue, le modèle d’éducation japonaise est un handicap plutôt qu’un atout. Le prestige de ses universités ne cesse de décroître, comme en témoignent les différents classements internationaux, alors d’autres pays d’Asie ont su donner une dimension globale à leur institutions académiques. Aujourd’hui, le Japon tente à nouveau d’ouvrir ses portes aux étudiants étrangers et de faire évoluer son modèle éducatif afin de pouvoir continuer à s’affirmer en tant que puissance mondiale.
Mais d’autres questions émergent : comment le Japon peut-il faire évoluer son modèle traditionnel sans sacrifier le riche patrimoine culturel sur lequel il se base? Ne devrait-on pas plutôt remettre en question l’impérialisme américain, qui met en danger les valeurs traditionnelles de ses alliés (le Japon) et même celles de ses ennemis plus ou moins déclarés (la Chine par exemple)?
Il n’y a pas de réponse unique et simple à ces questions et aux multitudes d’autres interrogations que soulève le thème des études à l’étranger. J’ai découvert, grâce à ce programme, que l’attractivité académique était un enjeu important tant à l’échelle nationale que globale, mais aussi un excellent indicateur du rayonnement des puissances internationales.
Ce programme m’a également permis d’être plus souple dans mes raisonnements, d’étudier un problème de façon plus approfondie, et sans me limiter à un seul point de vue.