Génousie de René de Obaldia
- 20 mai 2016
- Publié par : Mathieu Lecacheur
- Catégorie : Le Secondaire
GENOUSIE
Comédie onirique en deux Actes
de René de Obaldia.
La troupe de Lycée Français de Kyoto,
Mise en scène: Pierre Turlur
La Genousie est un pays imaginaire d’où vient la splendide nouvelle femme du célèbre Hassingor, écrivain de son état, peu civil de nature. Elle ne parle presque que le genousien, langue étrange et exotique, et se retrouve comme un chien dans un jeu de quilles, à moins que…
Cette comédie est la première pièce de théâtre de René de Obaldia . Elle fut créée à la radio en 1957.
Madame de Tubéreuse, châtelaine, reçoit son monde et du beau monde dans sa demeure. Portant beaux masques et bonnes manières, ils sont tous conviés à une partie mondaine: une belle brochette de nantis, entre gauche-caviar et vieille aristocratie, artistes dandys autant minables qu’interminables, cocottes cocasses qui caquettent à bon train, docteurs de pacotille aux diagnostics fumeux et à la logorrhée diarrhéique, savants simiesques, grenouilles bénies et ingénues perverses, trublions et histrions notoires, leurs noms les précédent et ils ne laissent dans leur sillage que de piteuses traces de limaces de jardin. Un frisson parcourt la basse-cour. Génousie est une nouvelle Genèse avec un paradis terrestre décadent et pourri, un Adam lamentable et une Ève adultère au beau milieu d’une faune agitée du bocal comme l’aurait pu dire Louis-Ferdinand Céline. La culbute avant la Chute. Les quatre fers en l’air.
Le comique dissimule à peine un regard lucide sur le tragique de notre monde: menteur et manipulateur, volage et vide, disert et désert. La volubilité théâtrale d’Obaldia épingle nos politiques impuissants et cyniques, les grands de ce monde qui ne sont que de petits fonctionnaires de leur propre carrière, se gargarisant de promesses pour faire sauter les audimats et attraper le pompon. Tous à l’assiette au beurre, entre la poire et le fromage. Obaldia dit l’impossibilité d’un héroïsme moderne. Voici l’ère des rentiers de l’idéal, des couche-tôt de l’imaginaire. Ils baissent les bras et lèvent l’impôt. Les preux et galants chevaliers, les courageux guerriers ont laissé place à une caste de nantis décadents, anéantis avant même d’avoir combattu. De pauvres sires et sbires, dont l’ego obèse va se vautrer dans l’or des palais et les festins protocolaires. Ils ont l’érotique triste, l’éloquence conne, et manquent singulièrement de panache et bravoure. Les Ulysse, les Tristan, les Perceval, les Cyrano, les Comte de Monte Christo sont bien morts, enterrés, rétamés. Les livres sont devenus leurs tombeaux définitifs et édifiants.
Et puis il a ce blabla dans Babel. Ce babil comme babibel, un fromage sans goût, une pâte trop fade et molle. Babel en Génousie : personne ne comprend plus personne, une société des solitudes pour toute réalité et promesse, rien ne tient, rien ne dure: l’humanité est cocue, les sentiments joués dans le bal des trahisons, les serments fougueux sont aussitôt repris, la mort elle même est factice, tout est joué, tout est faux, c’est tout un tralala fatigué, le théâtre se fait le miroir d’une humanité désaccordée, désenchantée. Voilà pourquoi Obaldia est moderne. il est lucide, voilà tout.
DISTRIBUTION
- Mme de Tubéreuse : Yukimi Parent
- Philippe Hassingor, auteur dramatique. : Ulysse Pantel
- Irène Hassingor, sa femme. : Lou Cardonnel
- Le professeur Vivier : Maya Salom
- Christian Garcia, poète : Théo Bertron
- Le docteur De Suff, neuropsychiatre : Lydia Faure
- Jonathan, organiste. : Balthazar Fujiki
- Mme Jonathan : Hanaé Jacquet et Léonor Paget
- Mme De Suff : Mio Eto et Kisa Eto
- Le domestique : Noé Pantel