Le Bourgeois Gentilhomme de Molière
- 3 juin 2014
- Publié par : Marguerite
- Catégorie : Le Secondaire
Samedi 31 mai , la troupe de théâtre des élèves du secondaire de l’École française du Kansai, mis en scène par leur professeur Pierre Turlur, a présenté le Bourgeois Gentilhomme de Molière.
Chaleureusement accueilli par Monsieur le Consul Général, Charles-Henri Brosseau, la représentation a eu lieu dans la salle Inabata de l’Institut Français du Japon / Kansai qui affichait complet pour l’occasion .
Les élèves de l’Ecole française du Kansai ont donné vie à ce texte remarquable avec beaucoup de talent et d’humour et ont été chaleureusement applaudis.
Rendez vous l’année prochaine !
A propos du Bourgeois Gentilhomme
C’est en 1669 que l’ambassadeur turc vient se présenter à la cour du roi de France.
Louis XIV est sur son trente et un, couvert de diamants des pieds jusqu’à la tête, il s’efforce de briller des mille feux solaires de cet astre éponyme dont il jalouse l’éclat.
Peine perdue, l’ambassadeur s’en moque. Le jeune roi prend la mouche et commande à Molière une œuvre pour faire mouche, faire un sort à cet impertinent qui ne sait pas son monde et déguster par là une belle revanche. Une turquerie de plus. Il est vrai que c’est à la mode.
Costumes, musiques, près de cinq heures d’un spectacle total sont données au château de Chambord une belle nuit de 1670. Versailles n’est pas encore sorti d’un pavillon de chasse, mais le jeune monarque hanté par la Fronde et soucieux de tenir sa noblesse sous ses yeux, la divertit déjà, il l’endette et la tient.
Le projet est de faire une cour, une belle cage dorée avec des volatiles bien nourris et divertis, au ramage lissé et policé, espionnés jusqu’à la culotte, endettés jusqu’au croupion et forcés d’assister aux frasques et spectacles que le roi fait du moindre lever, du plus petit encas. Il les mène par le menu, flatte leur fatuité, et les distraits en des jeux et intrigues. Un roi qui se donne des airs, joue la comédie, danse sur la musique de Lully…un autre Jourdain à ne pas s’y méprendre. Il en serait d’ailleurs le modèle.
Car voilà, Molière s’amuse sous les traits de Jourdain à portraiturer l’auguste maladresse de son illustrissime mécène.
Le roi trop occupé à briller n’y voit que du feu et ne comprend pas cette caricature d’un homme qui joue à ce qu’il n’est pas, trop sensible peut être à la désopilante bouffonnerie de ses sujets.
Le bourgeois gentilhomme serait donc plutôt un gentilhomme bourgeois. Il est vrai que le nom Jourdain, est aussi proverbial, on ne peut plus biblique: il puise au fleuve qui baigne la Judée, limite infranchissable d’une terre promise à Moïse et qu’il ne foulera jamais. Lieu où Jean le Baptiste prêchait et baptisait. C’est dire l’onction qu’un tel nom octroie. Jourdain est celui qui révèle et dont l’attitude démasque les imposteurs.
Un pur, un vrai qui habillé de gaucherie et de culbute, faisant le clown, presque malgré lui, une espèce de maladroit congénital, vous emballe prestement l’affaire. Rien ni personne n’y résiste: faux maitres es ignorance, valets hypocrites, femmes amères, courtisanes hystériques, amis cupides et faux, toute une galerie de portraits abîmés, amochés, décomposés. Même les amoureux sont d’un ridicule à faire bailler. Personne n’en sort indemne. C’est une exécution, un règlement de compte. Une partition pour un massacre. Une magistrale bagatelle théâtrale qui n’épargne personne, pas même nous, ici, ce soir.
Pierre Turlur, mai 2014.
Distribution
Théo Bertron : Laquais
Lou Cardonnel : Maître Tailleur et Cléonte
Kisa Eto : Nicole
Saya Mizutori : Maître de musique et Lucile
Jean-Baptiste Nguyen : Covielle
Ray Nishimura : Laquais
Hugo Noda : Maître d’armes
Ulysse Pantel : Maître à danser et Covielle
Yukimi Parent : Madame Jourdain
Lufei Qian : Nicole
Blanche Ribault : Maître de Philosophie, Dorante, laquais
Maya Salom : Nicole
Noé Sigeti : Monsieur Jourdain
Maya Snoussi : Dorimène